La maison de Habsbourg avait été, au XVIème siècle, la plus puissante d'Europe ; mais de ses deux branches, l'un, la maison d'Espagne, ruinée par les guerres contre les protestants, n'avait plus ni argent ni soldats ; l'autre, la maison d'Autriche, fut battue dans la guerre de trente ans par Richelieu et Mazarin.
Le Roi de France, après avoir résisté à l'Europe et vaincu l'Empereur, devint au XVIIème siècle le plus puissant souverain d'Europe. Richelieu ayant écrasé les rebellions des grands seigneurs et brisé l'organisation politique des protestants, Mazarin ayant triomplé de la double opposition de la noblesse et du parlement.
Le roi de France se trouva de nature d'un royaume compact où il exerçait un pouvoir absolu, il possédait des revenus assurés par l'impôt, une forte armée de soldats mercenaires et l'état le plus peuplé d'Europe.
Dès le XVIème siècle, les rois desiraient s'agrandir à l'est, en acquérant soit les provinces bourguignonnes dont le roi d'Espagne avait hérité, soit les pays du Rhin qui appartenaient de nom à l'empire d'Allemagne.
Les politiques français disaient que les limites naturelles du royaume devaient être les Pyrénées, les Alpes et le Rhin. Coligny déjà avait voulu conquérir les Pays-Bas.
A la suite de la guerre de Trante ans, par le traité de Westphalie (1648), l'Empereur céda à Louis XIV (outre les trois évêchés déjà conquis) tout ce qu'il possédait en Alsace ; le roi en profita pour s'approprier peu à peu tout le reste ; Strasbourg se donna à lui en 1681.
Toutes les autres acquisitions eurent
lieur aux dépens du roi d'Espagne. Louis XIV lui fit trois
guerres et acquit successivement :
1 - Par le
traité des Pyrénnées (1659), au sud, le Roussillon
et la Cordagne qui donnaient les limites au royaume les pyrénées
; au nord, l'Artois ;
2 - Par le traité
d'Aix-la-Chapelle (1668), le sud de la Flandre et du Hainaut ;
3 - Par le traité de Nimègue (1678), la Franche-Comté.
Ce traité lui donna aussi plusieurs villes des Pays-Bas
qu'il rendit presque toutes vingt ans après.
Ainsi les îlots de terres non royales situés au pied des Pyrénées, du Jura et en grande partie des Vosges, avaient disparu, et dans les plaines du nord la frontière avait gagné du terrain.
Louis XIV, fut entravé dans ses desseins par cinq coalitions des autres états.
En 1668, Hollande, Angleterre, Suède unies par la triple alliance, l'obligèrent à faire la paix avec le roi d'Espagne.
Pous se venger des Hollandais, il envahit la Hollande (1672) ; une coalition nouvelle (Hollande, Espagne, Empereur, Brandebourg), le contraignit à évacuer la Hollande et à signer la paix à Nimègue.
Il avait établi des tribunaux, les chambres de réunion, qui, sous prétexte d'interpréter les traités et sans consulter les autres Etats, lui adjugeaient les villes à sa convenance ; une coalition s'était formée, mais elle accepta une trêve (1685).
Le roi d'Angleterre ayant mécontenté
ses sujets, Guillaume, "stathouder" de Hollande, se
fit reconnaître roi par les Anglais ; Louis XIV lui déclara
la guerre. Guillaume forma contre lui une coalition générale
où entrèrent, outre les puissances de la seconde
coalition, l'Angleterre et la Savoir (1690).
Louis
XIV, après sept ans de guerre, vainqueur mais ruiné,
accepta le traité de Ryswick (1697) par lequel il restituait
ses plus récentes conquêtes.
Le roi d'Espagne étant mort sans héritier, légua ses Etats à un petit-fils de Louis XIV. En essayant de réunir l'Espagne à la France, Louis XIV provoqua une cinquième coalition (Hollande, Angleterre, Savoie, Empereur et presque tous les princes allemands). Cette fois, Louis XIV fut vaincu partout, en Bavière, en Italie, aux Pays-Bas. L'Angleterre lui accorda la Paix d'Utrecht (1713) ; l'Empereur, resté seul, fut battu et signa le traité de Rasstadt (1714).
Louis XIV d'abord fidèle aux traditions d'une politique nationale s'était efforcé d'agrandir la France dans des "directions naturelles", il avait réussi. Plus tard il rêva comme Charles Quint, la domination universelle et entreprit, malgré les Pyrénéees, la réunion de la France et de l'Espagne, il échoua. Il perdit ainsi l'occassion d'acquérir les Pays-Bas et laissa la France ruinée.
Sous Louis XV, le ministre Fleury profita des embarras de l'Empereur pour faire céder à l'ancien roi de Pologne, Stanislas Leckinski, père de la reine, le duché de Lorraine qui fut érigé en royaume et qui, à la mort de Stanislas (1768), revint au roi de France.
LouisXV acquit aussi la Corse, abandonnée par les Génois. Le royaume de France atteignit dès lors les limites qu'il avait en 1789.
Le royaume comprenait alors 32 gouvernements dont la plupart étaient d'anciennes provinces, car on n'avait pas cherché à créer une division nouvelle ; en outre, 7 ou 8 villes militaires formaient chacune un petit gouvernement.
Le roi nommait gouverneurs des seigneurs de haute noblesse qu'il traitait avec de grands honneurs, mais auxquels il ne laissait aucun pouvoir ;
Dans chaque gouvernement il envoyait un magistrat qui sous le titre modeste d'intendant de police, de justice et de finances, exercait toute l'autorité ; l'intendant, pris dans la bourgeoisie ou dans la petite noblesse, avait la confiance du roi ; il lui adressait des rapports sur l'état de sa province, recevait ses ordres, était chargé de les exécuter.
Au XVIIIème siècle, les intendants, devenus les seuls maîtres des provinces, organisèrent l'administration et donnèrent aux Français l'habitude de tout laisser faire par le gouvernement.
Le roi avait conservé à chaucune des provines nouvelles entrées dans son domaine, son tribunal suprême indépendant.
Il y avait ainsi en France 13 parlements : Paris, Toulouse, Grenoble, Bordeaux, Dijon, Rouen, Aix, Pau, Metz, Besançon, Douai, Nancy. Ainsi que 4 cours souveraines : Colmar, Perpignan, Arras, Bastia, tous indépendants les uns des autres, qui jugeaient les procès civils et criminels.
En outre, cinq cours des aides jugeaient les procès entre les particuliers et les agents du roi ; 11 cours des comptes vérifiaient les comptes des employés du roi.
L'impôt était organisé suivant deux systèmes différents :
- dans la plupart des provinces, les impôts étaient fixés par le roi, et des agents spéciaux, les élus, décidaient la part que chaque sujet devait payer, sans consulter les habitants. Ces provinces, où l'on avait cessé de convoquer les Etats, s'appelaient pays d'élection.
- quelques provinces : languedoc, Bretagne, Provence, Dauphiné, Artois, Hainaut, Flandre et les pays des Pyrénées, avaient conservé le droit de voter et répartir leurs impôts par leurs députés réunis en Etats, on les appelait pays d'Etats.