On appelle Eglise l'ensemble des chrétiens, sans distinction de naions. L'Eglise de France n'était donc qu'une portion de l'Eglise catholique, c'est-à-dire universelle ; elle avait la même organisation que les autres pays catholiques.
Son chef était le Pape, évèque de Rome, successeur de Saint Pierre, choisi d'ordinaire parmi les prélats italiens. Rome, qu'on appelait le Saint Siège apostolique, était la capitale de la chrétienté et la résidence du Pape.
Cependant, en 1309, le pare Clément VIII, ancien évèque français, vint s'établir à Avignon : les Papes y restèrent pendant presque tout le XIVème siècle (1309 - 1378) ; et même après qu'ils furent retournés à Rome, il y eut encore pendant cinquante ans, deux papes, l'un à Rome, l'autre à Avignon.
Le pays était divisé en diocèses, chacun gouverné par un évèque, qui résidait dans la ville chef-lieu et commandait à tous les prêtres et à tous les fidèles de son diocèse.
L'évèque était élu par les prêtres de la ville chef-lieu, les chanoines, qui vivaient réunis, organisés en une congrégation appelée le chapitre. L'évèque et la plupart des chanoines sortaient de familles nobles.
les diocèses étaient détendue très inégale, car ils correspondaient aux territoires des anciennes cités romaine. Dans le midi, où les cités étaient rapprochées et n'avaient qu'un petit territoire, les diocèses étaient nombreux et petits, Agde n'avait que 20 paroisses. Dans le nord, où il y avait eu peu de cité romaines, les diocèses étaient grands, Rouen avait 1370 paroisses.
la division resta telle qu'elle avait été fixée à l'époque romaine ; les villes nouvelles (Montpellier, Dijon) n'avaient pas d'évêché, par contre de petites villes déchues gardaient le leur. Au XIVème siècle, les papes d'Avignon créèrent plusieurs évêchés nouveaux, mais seulement dans le midi.
L'évêque de la ville capitale d'une province était le supérieur des évêques des villes voisines ; on l'appelait depuis le IXème siècle, archevêque -jusque là "métropolitain"-.
Son autorité s'étendait sur la province ecclésiastique, l'ancienne province romaine. Les évêques de sa province se réunissaient sous sa présidence pour décider les affaires communes, leur assemblée était le concile provincial.
Il y avait en France 15 provinces d'étendue inégale, comme les provinces romaines ; il suffit de comparer la province d'Embrun à celle de Bourges. Au XIVè siècle, le pape créa une province nouvelle, soumise à l'archevêque de Toulouse.
Il n'y avait d'abord d'églises que dans les villes. Peu à peu (du Vè au IXè siècle), les évêques, les moines et les grands propriétaires construisirent des églises dans les campagnes, à portée de leurs paysans.
A chaque église fut attaché un prêtre chargé d'administrer les sacrements aux fidèles ; le territoire dépendant d'une église s'appelait une paroisse.
L'organisation des paroisses de France n'a presque pas changé depuis le Moyen Age.
Les moines qui avaient d'abord été des solitaires retirés au désert, fromaient, dès le IV siècle, des congrégations ; ils vivaient dans des couvents établis d'ordinaire dans quelque vallon tranquille en dehors des routes battues.
Ils étaient soumis à une règle et obéissaient à un abbé élu par eux, d'où le nom d'abbaye donné aussi à leur demeure.
En France, tous les couvents suivaient la règle créée au VIème par Saint Benoit ; ils étaient bénédictins. Tous avaient été fondés à la campagne sur des domaines que leur avaient donnés les rois ou les seigneurs.
Chaque abbaye était indépendante ; elle était gouvernée par l'abbé et le chapître, ou l'assemblée des moines. Mais la plupart possédaient des domaines où elles envoyaient quelques moines gouvernés par un prieur, qui formaient un petit couvent subalterne nommé prieuré.
Au XIè siècle le désordre s'était glissé dans la plupart des couvents, et les moines avaient cessé de pratiquer la règle. De pieux ecclésiastiques, parmi lesquels l'Eglise compte des Saints, fondèrent ou réformèrent des couvents où la règle fut rétablie sévèrement.
Ces abbayes dont les plus célèbres sont Cluny, Citeaux, Clairvaux, Prémontré, servirent de modèle aux autres, et, dans le courant du XIIè siècle, tous les couvents se réformèrent.
Comme on avait vu le danger de laisser complètement indépendants, beaucoup d'abbayes se réunirent pour former un seul ordre sous le gouvernement d'un seul abbé. L'abbayes maîtresse s'appelait un chef d'ordre ; les principales furent Cluny et Citeaux.
Au XIIIè siècle, furent fondés deux ordres d'une espèce nouvelle ; les frères prêcheurs ou Dominicains, les frêres mineurs ou Franciscains, destinés à prêcher et à confesser, et à vivre au milieu des fidèles des villes.
Comme les couvents dominicains et franciscains n'avaient pas besoin d'un domaine pour vivre, il s'en fonda bientôt dans la plupart des villes de France.
Les évêchés et les abbayes avaient reçu d'immenses domaines en don ou en legs. Les évêques, les abbés et même les chapîtres de chanoines, devinrent ainsi de grands seigneurs ; ils avaient leur cour, leur escorte de chevaliers, leurs tribunaux et tout le pouvoir d'un chef d'état.
Jusqu'au IXè siècle les églises des villes et des villages, comme celles des couvents ressemblaient aux basiliques romaines c'est-à-dire aux salles où les magistrats romains rendaient la justice.
Elles prirent, au Moyen Age, une forme nouvelle. On distingue deux style, c'est à dire deux systèmes différents de construction : le style romain, inventé dans le midi, qui dura du IXè au XII siècle, le style ogival ou gothique, inventé dans la région de Paris qui dura du XIII ou XVIè siècle.
Les églises romanes et ogivales devinrent des monuments artistiques, et la France se remplit, jusque dans les villages, de chefs-d'oeuvre que nous admirons encore.
LES FONDATIONS ECCLESIASTIQUES
Tous les chapîtres et la plupart des abbayes avaient leur école dirigée par des écclésiastiques, où les enfants destinés à entrer dans le clergé apprenaient à lire et à écrire le latin.
Quelques-unes devinrent célèbres ; c'est de la réunion des école de l'évêché et des abbayes de Paris que fut formée, au XIIIè siècle, l'Université, c'est-à-dire la corporation des maîtres et écoliers de Paris : elle a servi de modèle aux universités de toute l'Europe.
Les congrégations avaient aussi leur bibliothèque composée de livres latins que les moines copiaient sur du parchemin.
Elles avaient leurs hospices où les voyageurs et les malades étaient reçus et soignés gratuitement. Il n'y avait guère, au Moyen âge, d'écoles, de bibliothèques et d'hôpitaux que dans les couvents.
Au Moyen Age, beaucoup de procès ne relevaient que de la juridiction ecclésiastique : c'étaient des causes d'église. L'église seule jugeait les ecclésiastiques accusé d'un crime ; elle jugeait aussi les laïques accusés d'un crime contre la religion, hérétiques, sacrilèges, usuriers ; tous les procès en matière de mariage étaient de sa compétence.
Chaque évêque eut son tribunal présidé depuis le XIIè siècle par un délégué ecclésiastique, l'official. Ces tribunaux, nommés cours d'églises ou officialités étaient beaucoup plus occupés que les tribuanux des princes ou cours laïques
Au XIIIè siècle, après la croisade des Albigeois, le Pape créa à Toulouse et à Carcassonne une nouvelle espèce de tribunal, l'Inquisition. Ces tribunaux que les rois d'Espagne ne tardèrent pas à introduire dans leurs Etats, avaient le droit de rechercher les personnes de toute condition suspectes d'hérésie, de les faire emprisonner et de les condamner même à être brûlées.